Balivernes que les carcans !
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Quelle désolation que ces querelles de clocher autour d'un art minoré de force, avec d'une part ces "concours de poésie"-vaches à lait des organisateurs qui parfois réclament des sommes folles et offrent ensuite trois poussières de livres et des "médailles", comme à des généraux-poètes-, et où l'on exige de surcroît souvent de la "poésie classique", et d'autre part les grandes maisons qui paradoxalement ne publient que l'épure de la modernité, loin de tout classicisme.
Car un bon poète est un poète "mort", ou alors un poète dont de rares mots, jetés sur page blanche comme neige fragile, nous interpellent faiblement, derniers mohicans d'un art compassé, qui se murmure en alcôves de mots, ou qui se beugle, lorsque les dits poètes se piquent de hurler leur modernité en festivals de rues, nouveaux baladins, faisant du poème un gueuloir.
Au milieu de ces assourdissants silences, les revues, caviar intellectuel circulant parmi une élite d'initiés... Et tout autour, ces milliers d'internautes décriés par certains, car dépeints comme maladroits, et parfois méprisés, car traités ouvertement, sur des forums ou dans des essais, d'incultes...Alors que leurs mots sont merveilles vives, cristaux de vérité, espérances folles!! Car la poésie VIVANTE, c'est la leur ! C'est bien cela, la poésie, ce sont ces maladresses rimées qui partout fleurissent sur le net, alors qu'on voudrait nous faire croire que "les Français" ne lisent, n'écrivent ou n'achètent pas de poésie...
J'ai eu récemment la joie d'aller chercher un second prix dans une bibliothèque, auprès d'un jury simple et plein de coeur. Non loin d'un merveilleux cloître roman, une salle comble a applaudi nos textes lus par des conteurs, et nous avons reçu de très généreux bons d'achat ; la presse était là.
La poésie, ce jour là, a été dialogique, au sens des méridiens de Celan, elle a été fraternelle, elle a été passage : une fillette de 10 ans avait fait un merveilleux petit texte sur "Ma campagne au Maroc", aux côtés de mon petit texte "De Toulouse à Tafraout", justement l'un de mes premiers écrits, après ma rencontre fortuite avec le poète marocain Farid Mohamed Zalhoud, au hasard d'un...forum...
Car la poésie se déclame aussi bien sous des tentes berbères que devant un paysage ravagé par le tsunami, ou au coin d'un néflier. La poésie est aussi ancienne que le monde. Les hommes ont besoin de faire entrechoquer leurs mots, au rythme de la vie, de ses folies, de ses désastres.
"Envoyé Spécial "nous a montré après la catastrophe de Fukushima des "liquidateurs" de Tchernobyl, malades, usés, écoutant un poème lu par un ouvrier, sur l'oubli du monde devant leurs souffrances.
C'est ça, la poésie. Et pas un comptage arithmétique.
Ou plutôt, c'est aussi cela.
Ouvrir les portes du monde. Ecouter. Partager. Et Monsieur Imre Kertesz a proclamé haut fort que, OUI, la poésie était possible après
Auschwitz: possible, nécessaire, indispensable.
Mes mots, eux, sont revenus le 30 avril 2008, par hasard ou par miracle; ils s'étaient tus longtemps, depuis ces ans où une adolescente rêveuse déclamait du Rimbaud avant l'oral du bac...C'est justement suite à la lecture d'un texte sur "Oasisdesartistes" que ma mots se sont à nouveau bousculés, après trente années de silence.
Je ne les laisserai plus partir.
Curriculum vitae
Rhénane
Pour les étés de mon enfance
Bercés par une Lorelei
Parce que née de forêts sombres
Et bordée par les frères Grimm
Je me sens Romy et Marlène
Et n’oublierai jamais la neige
Rémoise
Pour un froid matin de janvier
Parce que l’Ange au sourire
A veillé sur ma naissance
Pour mille bulles de bonheur
Et par les vitraux de Chagall
Je pétille toujours en Champagne
Carolopolitaine
Pour cinq années en cœur d’Ardennes
Et mes premiers pas en forêt
Pour Arthur et pour Verlaine
Et les arcades en Place Ducale
Rimbaud mon père en émotion
M’illumine en éternité
Albigeoise
Pour le vaisseau de briques rouges
Qui grimpe à l’assaut du ciel bleu
Pour les démons d’un peintre fol
Et ses débauches en Moulin Rouge
Enfance tendre en bord de Tarn
D’une inaliénable Aliénor
Tarnaise
Pour tous mes aïeuls hérétiques
Sidobre et chaos granitiques
Parce que Jaurès et Lapeyrouse
Alliance des pastels et des ors
Arc-en-ciel farouche de l’Autan
Montagne Noire ma promesse
Occitane
De Montségur en Pays Basque
De la Dordogne en aube d’Espagne
Piments d’Espelette ou garigues
De d’Artagnan au Roi Henri
Le bonheur est dans tous les prés
De ma Gascogne ensoleillée
Toulousaine
Pour les millions de toits roses
Et pour l’eau verte du canal
Sœur de Claude et d’Esclarmonde
Le Capitole me magnétise
Il m’est ancre et Terre promise
Garonne me porte en océan
Bruxelloise
Pour deux années en terre de Flandres
Grâce à la Wallonie que j’aime
Parce que Béguinage et Meuse
Pour Bleus de Delft et mer d’Ostende
En ma Grand Place illuminée
Belgique est ma troisième patrie
Européenne
Pour Voltaire Goethe et Schiller
Pour oublier tous les charniers
Les enfants blonds de Göttingen
Me sourient malgré les martyrs
Je suis née presqu’en outre-Rhin
Lili Marleen et Marianne
Universelle
Pour les mots qui me portent aux frères
Par la poésie qui libère
Parce que j’aime la vie et la terre
Et que jamais ne désespère
Pour parler toutes les langues
Et vous donner d’universel.